Consacrée au sujet brûlant de la dynamique de réindustrialisation des territoires en France, cette étude d’une durée de 18 mois a mobilisé les universités de Reims Champagne-Ardenne et de Versailles Saint-Quentin, et sept chercheurs : François Bost (URCA), professeur de géographie économique et industrielle, initiateur et pilote de l’étude ; Clotilde Bonfiglioli (URCA), maîtresse de conférences en géographie ; Emmanuelle Leclercq (URCA), professeure de sociologie du travail ; Dalila Messaoudi (UVSQ), maîtresse de conférences en géographie ; Sébastien Piantoni (URCA), ingénieur d’étude ; Jean-Baptiste Paranthoën, chargé de recherche, INRAE, laboratoire IRISSO ; Julie Cresson, doctorante au Cérep.
L’analyse a été menée à l’échelle de bassins d’emploi anciennement industrialisés, précisément ceux de la région Grand Est. Ceux-ci ont en commun d’avoir été plus ou moins fortement frappés par les crises économiques et sociales à répétition depuis les années 1970, ce qui leur a valu d’être souvent classés parmi les territoires « perdants » de la mondialisation. Cette étude entend néanmoins montrer qu’au sein de ces territoires volontiers présentés comme « en marge » ou « en déclin » peuvent aussi se construire, sous certaines conditions, de nouveaux écosystèmes industriels propices à leur réindustrialisation, où pourront s’épanouir les compétences de demain, celles dont les entreprises auront besoin pour innover.
L’équipe a fondé l’essentiel de sa méthodologie sur un important travail de terrain pour collecter l’information au travers d’enquêtes et de visites de sites, complété par des participations à de nombreux forums professionnels, enfin par de très nombreux entretiens semi-directifs menés au plus près des acteurs économiques et sociaux de plusieurs territoires choisis pour leur représentativité et situés principalement dans la région Grand Est.
Les informations rassemblées ont été confrontées et complétées avec les travaux académiques ou les études déjà publiés sur le sujet. En parallèle, un très important travail cartographique a été réalisé afin d’apporter une vue globale des réalités observées à différentes échelles. La cartographie est en effet d’un apport très précieux pour fonder des analyses solides, mais aussi pour identifier la diversité des situations de terrain et révéler des singularités propices à des questionnements nouveaux.
Cette étude montre que la réindustrialisation n’est possible que par la mobilisation forte et concertée de l’innovation (entendue dans son sens le plus large : technologique, organisationnelle et sociale), articulée avec des politiques innovantes en termes de recrutement, de formation initiale et professionnelle au niveau des bassins industriels.
Les auteurs ont analysé les enjeux, les conditions, les modalités, les formes et les perspectives possibles de la dynamique de réindustrialisation en France, et dans la région Grand Est en particulier, région qui fournit un remarquable cas d’école en raison de l’ancienneté de son industrialisation et de l’importance de la désindustrialisation à laquelle elle a été confrontée à partir des années 1970.