Cette recherche réalise un état des lieux approfondi des pénibilités — et de leurs facteurs d’émergence — vécues par les marins de commerce à bord des navires.
À partir d’une enquête par questionnaire, administrée auprès d’hommes et de femmes marins de commerce (n = 745), d’observations et d’entretiens réalisés à bord de navires, l’étude précise l’influence des facteurs environnementaux et organisationnels sur la pénibilité au travail. Elle révèle comment les spécificités de l’activité de marin (environnement mouvant, poids de la hiérarchie, surreprésentation masculine, travail de nuit, temporalité des embarquements, éloignement familial, exiguïté du lieu de travail, enfermement…) constituent des facteurs exposant les marins à des pénibilités physiques et psychologiques.
Ce travail de recherche montre également combien l’intensification des rythmes de travail, les contraintes commerciales, les exigences managériales et les injonctions réglementaires pèsent sur le quotidien des marins, les exposent à des risques psychosociaux et favorisent l’apparition de phénomènes de violence.
La seconde partie de cette recherche s’attache justement à dresser un panorama de ces violences et des agressions au travail, en s’intéressant particulièrement aux agressions à caractère sexuel. L’enquête réalisée montre que les femmes, qui représentent seulement 9,5 % de la population des marins de commerce, sont ici surexposées. Les formes prises par ces violences vont de la blague grivoise jusqu’au viol en passant par des gestes déplacés. Leur virulence témoigne d’un « sexisme embarqué » particulièrement ancré, multiforme, plus ou moins visible ou explicite. C’est d’ailleurs un des apports de l’étude de montrer et de quantifier les voies d’expression de ces comportements masculins hostiles.
En conclusion du rapport d’étude, une série de recommandations est formulée et de nouvelles pistes de recherche sont tracées en vue d’améliorer les conditions de travail et de vie des navigants au transport maritime.