Le premier article de ce numéro de la Chronique internationale de l’IRES porte sur la mise en place d’institutions du « dialogue social » au Sénégal depuis les années 2000 sous l’impulsion de l’Organisation internationale du travail (OIT). Leur but est de promouvoir le « travail décent » et d’améliorer le « climat des affaires » dans un contexte de proximité entre e pouvoir politique et les syndicats. L’article s’interroge sur l’effectivité de ce dialogue social dans un marché du travail où l’informalité domine, avec un focus sur le secteur des transports.
Le deuxième article analyse la promotion par le gouvernement chinois de la négociation collective dans le secteur des plateformes de livraison de repas, afin d’améliorer la protection des travailleurs et de régler les
conflits du travail. Il questionne la portée limitée d’accords conclus par des syndicats proches de l’État et des plateformes en position de force. La négociation de branche pourrait toutefois changer la donne.
L’article suivant porte sur la pénurie de main-d’œuvre qualifiée en Bulgarie, qui émigre massivement depuis plusieurs décennies. Il analyse les stratégies mises en place par l’État, avec l’appui des interlocuteurs sociaux et l’aide de la Commission européenne, pour retenir et faire revenir les travailleurs qualifiés, notamment dans le secteur de la construction mécanique. Ces stratégies reposent sur le renforcement de la formation, l’amélioration des rémunérations et des conditions de travail.
Le quatrième article interroge l’impact du Brexit sur le droit du travail au Royaume-Uni, un enjeu essentiel
des élections législatives de juillet 2024. Le programme du Parti travailliste contient des engagements
sur l’interdiction des contrats zéro heure, des procédures de licenciement et de réembauche, la préservation des normes issues de la réglementation communautaire et la restauration du droit de grève. Au vu de leur timidité, la pression des syndicats sera déterminante pour que se réalisent les promesses de rétablissement des droits des travailleurs.
Enfin, le dernier article porte sur les conflits du travail chez Ryanair depuis 2017. Malgré la politique
antisyndicale de l’entreprise, un mouvement de grèves offensives de dimension européenne a débouché en 2017-2018 sur la reconnaissance de l’acteur syndical et la signature de conventions collectives. L’essoufflement de cette stratégie après le Covid-19 interroge sur les conditions de mise en place d’un syndicalisme européen de terrain et sur sa structuration sur le long terme.
Sommaire du numéro
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Sénégal - Fortune et infortune du « dialogue social »
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Chine - La promotion ambivalente de la négociation collective dans le secteur des plateformes de livraison de repas
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Bulgarie - Face à la pénurie de main-d’oeuvre qualifiée, quel apport du dialogue social ?
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Royaume-Uni - Le droit du travail, un enjeu essentiel des prochaines élections législatives
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Europe - Ryanair ou la difficile construction d’un syndicalisme européen de terrain (2017-2023)
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English abstracts