Cet article explore une hypothèse de convergence des systèmes d'insertion professionnelle des jeunes en France et au Royaume-Uni. Les processus d'allongement de la participation à l'éducation et de déclassement sont analysés dans la première partie. Il existe du côté britannique, des pressions relativement nouvelles à la scolarisation des formations professionnelles et à la mise en place de référentiels des qualifications dans une logique de niveau qui évoque celle du système français des diplômes. Les pratiques massives de déclassement illustrent par ailleurs la faiblesse des marchés professionnels largement démantelés et contribuent également à rapprocher les deux systèmes nationaux. La seconde partie se propose d'articuler deux conceptions de l'insertion. Celle-ci est vue à la fois sous l'angle segmentationniste des effets de sélectivité du marché du travail qui confèrent aux jeunes un ensemble de positions spécifiques, et sous celui d'une transformation générale des normes d'emploi et de salaires dont les jeunes sont devenus le vecteur. Le diagnostic n'est pas celui d'une fin des spécificités nationales ; le mouvement d'éclatement des statuts d'emploi et des normes salariales emprunte dans chacun des deux pays des voies institutionnelles différentes. La convergence résulte de l'affaiblissement des régulations antérieures de marchés internes et de marchés professionnels qui avaient permis de limiter la concurrence sur le marché du travail et de fonder des modèles d'organisation collective. L'article explore les contours d'un nouvel idéal-type de mobilité de la main-d'œuvre fondé, dans un contexte de globalisation des économies, suer la réarticulation entre marché interne et marché externe, et la place occupée par les jeunes dans ce modèle.