Cet article vise à mettre en évidence la dimension fondamentalement politique de l'assistance. Contre une idée reçue qui situe ce type d'intervention dans la filiation de la charité, il est au contraire question de montrer qu'il s'agit d'un compromis politique sans cesse renouvelé. Sa nature et sa finalité ne peuvent être appréhendées qu'en rapport avec un projet politique global et en relation avec d'autres politiques sectorielles. De la fin du 19e siècle à l'Entre-deux-guerres, l'assistance est conviée, au nom de l'égalité, à compenser certaines inégalités économiques. De la Libération à la fin des années 70, la politique d'assistance s'inscrit dans un système de protection sociale différencié. Depuis le début des années 80, on assiste à un changement de rationalité des politiques sociales abandonnant leur visée intégratrice au profit d'une logique de gestion dans laquelle l'assistance occupe une place de plus en plus importante. Elle tend à acquérir le statut d'un revenu de substitution au revenu professionnel et accompagne le changement du projet social global qui vise essentiellement la mise en place d'une couverture minimale pour les personnes sans travail.