En Amérique du Nord, les initiatives syndicales visant à utiliser « l'arme des fonds de pension » se multiplient. L'AFL-CIO aux Etats-Unis et le CTC au Canada cherchent à faire de « l'argent des travailleurs » un levier fort de l'action syndicale dans un contexte de mondialisation financière mais aussi de déclin plus ou moins prononcé de leur capacité d'intervention. Ils tentent aujourd'hui d'étendre cette mobilisation au cadre syndical international, au travers du développement des régimes de retraite par capitalisation ou des différentes formes d'épargne salariale existantes. L'intérêt récent de plusieurs syndicats européens pour les investissements « éthiques » en est l'expression. Pourtant, le bilan de ce nouvel « activisme syndical » est loin d'être univoque et fait débat au sein même des rangs syndicaux, nord-américains comme européens. Cette stratégie passe en effet par un alignement des revendications syndicales sur le principe de la maximisation de la valeur actionnariale et par la reconnaissance de fait du primat des logiques financières et actionnariales au détriment d'exigences proprement salariales. Si la conquête de pouvoirs accrus en matière de négociation et de décision est une revendication syndicale légitime, il est loin d'être évident que la figure de « l'actionnaire syndical » parvienne à rétablir un compromis capital/travail plus que jamais déséquilibré aujourd'hui en faveur du capital. Et la réponse est certainement loin d'être universelle, tant les arrangements institutionnels et les rapports de force syndicaux sont différents d'un pays à l'autre.