L'article s'intéresse à l'échec de la réforme engagée au ministère de l'Economie, des Finances et de l'industrie entre 1998 et 2000. Après avoir décrit les enjeux de réorganisation des structures et des missions des principales directions qui le composent, il évoque les étapes de la conduite du projet et les différents décalages qui s'installent progressivement entre les promoteurs de la réforme et les agents qu'il concerne. Une mission est mise en place qui rend un second rapport proposant une ambitieuse réforme de structures. Le groupe réformateur est composé pour l'essentiel des hauts fonctionnaires de l'Inspection des finances soutenus de manière inégale par le pouvoir politique. Le ministre est attaché à la réforme mais ce n'est le cas ni du Premier ministre ni du Parti socialiste dont les élus locaux combattent bientôt les effets attendus du projet sur les relations entre les services locaux du Trésor et les collectivités locales. Un rapport comparatif met l'accent sur le retard de l'administration fiscale française sur ses principaux voisins européens. Les syndicats du ministère hésitent par rapport au projet, recherchent les voies de la négociation et s'inquiètent des silences qu'ils enregistrent. Bientôt convaincus que la réforme pêche par irréalisme et qu'elle ne fait que masquer une offensive de grande ampleur contre les emplois de leur ministère, ils vont organiser une pression qui débouche sur un véritable embrasement et, finalement, le retrait de la réforme. L'article explore les défaillances dans la conduite du processus qui ont conduit à un résultat dont la responsabilité ne peut être attribuée unilatéralement aux syndicats.