Lors de la réunification de l'Allemagne de l'Ouest et de l'Allemagne de l'Est, le système de relations professionnelles de l'Ouest a été transféré intégralement vers les entreprises de l'ancienne République Démocratique Allemande. Ce cas de transfert institutionnel intégral constitue un cas d'école en matière d'analyse du rôle des institutions de représentation des salariés. Plus de dix ans après la réunification, les enquêtes de terrain montrent que malgré l'identité institutionnelle les pratiques demeurent très différentes dans l'une et l'autre parties de l'Allemagne. La relation entre les institutions élues au sein des établissements et les syndicats constitue le point central des différences entre les deux usages des mêmes institutions. L'appel plus timide aux syndicats de la part des élus d'établissements de l'Est va de pair avec une fragilisation du rôle de la négociation de branche assurée par le syndicat. Cela constitue- t-il une menace pour l'ensemble du modèle allemand de relations professionnelles ? Peut-être pas, si l'on tient compte de l'écart de poids et de taille des deux économies. Mais le modèle allemand à l'Ouest n'est plus aussi sûr de lui-même qu'il l'était avant la chute du mur, aussi pour des raisons d'évolution qui lui sont propres.