La globalisation est trop souvent associée à un déclin inexorable du pouvoir des syndicats. Partant de recherches, réalisées en collaboration avec des syndicats au Canada et ailleurs en Amérique du Nord, cet article propose des clés de lecture alternatives à partir des syndicats d'établissement comme pivot du renouvellement de l'action syndicale. Le défi consiste à saisir les effets de la globalisation sur les diverses ressources de pouvoir des syndicats. Cet article présente un triangle stratégique pour mieux cerner ces ressources et construire le pouvoir des syndicats d'établissement.
Le triangle repose sur trois pôles : 1. La capacité stratégique du syndicat, c'est-à-dire de mettre de l'avant son propre projet; 2. La solidarité interne, évaluée par la présence de différents mécanismes favorisant la démocratie syndicale; 3. La solidarité externe ou la capacité du syndicat d'établissement d'établir des alliances, verticalement et horizontalement, avec des syndicats au plan national et international et aussi avec la communauté plus large, comme les groupes sociaux et les ONG. Les changements dans l'économie politique mondiale influencent chacune de ces ressources. Il s'agit maintenant, à partir de la recherche empirique, d'évaluer la pertinence de ces ressources dans la construction du pouvoir des syndicats d'établissement. Notre hypothèse de travail est que les syndicats doivent maintenant mobiliser ces trois ressources pour accroître leur capacité d'action. Si auparavant, ils pouvaient agir efficacement en mobilisant une seule ressource de pouvoir, comme par exemple la solidarité interne, dans le nouveau contexte mondialisé, ils doivent mobiliser simultanément les trois ressources de pouvoir. Ce renforcement du pouvoir syndical pourrait provoquer des changements significatifs dans les structures et les pratiques syndicales à d'autres niveaux et dans d'autres contextes nationaux.