Etudier une fermeture d'entreprise d'un point de vue sociologique, c'est s'efforcer de restituer les ressorts de la relation des salariés à cette entreprise qui ferme, à ce travail qui s'arrête, à leurs collègues qui cessent de l'être ; c'est restituer l'interaction entre ce qu'ils vivaient au sein de l'entreprise et leur monde privé, leur vie de famille et leur temps hors travail. Comprendre ce que les salariés perdent quand leur entreprise ferme, nécessite de s'intéresser aussi au monde moderne tel qu'il s'impose désormais à eux, de mettre en relief les nouvelles normes du travail et de l'emploi, et ce qu'elles impliquent pour la vie au travail comme hors travail. C'est ce que l'auteur s'efforce de faire dans cette contribution en s'appuyant sur une enquête réalisée auprès d'une centaine de salariés licenciés quatre ans après la fermeture de l'usine Chausson de Creil.