Il est légitime d'affirmer la responsabilité de l'entreprise sur les coûts sociaux qu'engendrent ses opérations de restructuration. Il n'est pas évident, pour autant, que l'entreprise constitue le bon niveau pour garantir les droits à l'emploi des salariés. L'indétermination de la définition de l'entreprise fait que l'action syndicale risque d'être écartelée entre le niveau de l'unité de production, pertinent pour la mobilisation des travailleurs, et celui de la tête du groupe, pertinent pour l'intervention sur les choix économiques. D'autres acteurs et d'autres niveaux peuvent assurer une socialisation de la gestion des conséquences des restructurations sur l'emploi. On peut, par exemple, donner la maîtrise d'œuvre au service public de l'emploi, ou construire des dispositifs collectifs qui offrent une sécurité dans les trajectoires professionnelles, ou encore privilégier la coopération des acteurs à l'échelle des territoires. Ces solutions ne visent pas à déresponsabiliser l'entreprise, mais à définir en d'autres termes les obligations qui naissent pour elle de sa responsabilité.