Avec les lois Hartz adoptées entre la fin 2002 et la fin 2003, l'Allemagne s'est engagée dans un processus de réforme de grande ampleur de sa politique du marché du travail. En réorientant les instruments de cette politique autour des notions d'employabilité et d'activation, en exerçant une pression à la baisse sur le salaire de réservation des chômeurs et enfin en encourageant le développement d'un segment d'emplois faiblement rémunérés, l'objectif principal est la réduction du chômage de longue durée, dont le niveau est en Allemagne l'un des plus élevés des pays européens. Cet article présente le contexte général ainsi que la logique d'ensemble des lois. Il développe plus particulièrement l'impact de la réforme du régime d'indemnisation du chômage, ainsi que celui des mesures en faveur des emplois faiblement rémunérés. Il en ressort qu'en dépit des intentions affichées de conjuguer responsabilisation des chômeurs avec sécurité et prévention des parcours, la stratégie d'activation qui s'est engagée outre Rhin privilégie pour l'instant clairement le premier volet, au détriment du second. Par ailleurs, la capacité à résorber le chômage de longue durée qu'aurait une dynamique de réintégration sur le marché du travail via des petits boulots occasionnels, précaires et rendus attractifs par la force des choses, semble loin d'être acquise. Les effets d'aubaine semblent importants, et le principal effet des réformes est pour l'instant d'entraîner de profondes modifications dans la structure de l'emploi et d'accentuer ainsi les pressions déflationnistes à l'œuvre depuis près de dix ans.