Les dépenses de santé, du fait de leur poids dans le PIB, de l'évolution prévisible de ce poids, et du niveau nécessairement élevé de leur mutualisation, ne peuvent laisser les économistes indifférents.
Dans le même temps la spécificité du domaine de la santé, la forte demande d'égalité, la prééminence reconnue aux seuls professionnels, font que l'introduction du raisonnement économique dans le champ des dépenses de santé se heurte à de fortes réticences.
Quelles ont été les différentes formes d'introduction de l'outil économique dans le champ de l'assurance maladie au cours des vingt dernières années ?
Pourquoi certains domaines relevant pourtant de l'économie (nombre de professionnels, revenus?) n'ont-ils pas, ou très peu, été explorés ?
Apparaît alors ce que nous appelons une « inversions des priorités ». Des domaines où la légitimité de la collectivité est forte sont délaissés, tandis que la collectivité s'aventure dans des domaines où sa légitimité est moins forte.
Nous tentons alors de montrer que cette inversion des priorités s'articule avec l'état de l'organisation des rapports entre professionnels et pouvoirs publics. La construction d'un acteur collectif fort du côté des professionnels devient ainsi une condition pour une utilisation efficace de l'outil économique dans le champ de l'assurance maladie.