La stratégie de Lisbonne, mise en place en 2000 dans le but de favoriser la croissance et l'emploi en développant une économie européenne fortement compétitive, constitue un ensemble incohérent de libéralisme économique, d'aspirations sociale-démocrates et de déterminisme technologique néo-schumpétérien. Cet article présente le cadre macro-économique de la stratégie de Lisbonne et remet en question l'idée - qui fait généralement l'objet d'un consensus - que l'Europe est à la traîne derrière les Etats-Unis en termes de productivité et d'innovation. Il souligne les implications des lignes directrices intégrées les plus importantes qui devraient être suivies par les pays membres afin de mettre en œuvre l'agenda de Lisbonne. Il soutient en outre que celles-ci représentent plutôt un programme néolibéral qu'un renouvellement du modèle social européen. Cet article s'appuie par la même occasion sur les résultats de travaux empiriques qui ont testé l'efficacité de différentes mesures de libéralisation du marché, mises en avant par l'agenda de Lisbonne. Ils indiquent qu'aucun résultat significatif ne devrait en être attendu au sein de ces deux secteurs clés : l'innovation et l'emploi.