Pendant les Trente Glorieuses, une hausse forte et durable des salaires et du niveau de vie en général s’est produite dans les pays industrialisés. Celle-ci laissait espérer une baisse tendancielle des inégalités dans l’ensemble des pays de l’OCDE. S’agissant des revenus salariaux, la question de savoir si elle a bien eu lieu se pose d’autant plus fondamentalement que la crise financière de 2008 a remis en cause les modèles de croissance qui prévalaient jusqu’alors. Observe-t-on une continuité ou une discontinuité des trajectoires que suivent les salaires et ses déterminants depuis la fin des années 1970 jusqu’à nos jours dans les pays de l’OCDE ? Dans quelle mesure les institutions du marché du travail, dont les caractéristiques diffèrent grandement d’un pays à l’autre, ont-elles une influence sur ces évolutions, et peuvent-elles les amener à diverger ? Il ne s’agit pas ici de mettre à jour une typologie des modèles sociaux, d’autant moins que les pays occidentaux présentant les inégalités salariales les plus exacerbées correspondent bien aux économies de marché « libérales » des pays anglo-saxons. Il s’agit en revanche de tester l’hypothèse selon laquelle les institutions du marché du travail, selon leurs spécificités nationales, restreignent, maintiennent ou desserrent les inégalités salariales au sein des pays de l’OCDE, tous soumis aux forces difficilement compressibles de la mondialisation. Evoquer la mondialisation en lien à l’inégalité peut être source de confusion.