Dans ce nouveau numéro de La Revue de l’IRES, les trois premiers articles portent sur les conditions de travail. Le premier article analyse le travail d’organisation dans les start-up, qui mise sur la proximité relationnelle, le bien-être au travail, l’auto-gestion et la responsabilité des travailleurs pour produire des formes d’engagement au travail. La financiarisation des start-up impacte toutefois les pratiques managériales et le travail d’organisation qui deviennent plus formels, hiérarchiques et centrés sur la productivité, ce qui tend à dégrader les conditions de travail.
Le deuxième article propose de saisir la polyvalence, caractéristique de nombreux métiers de service, à partir du cas de la distribution low cost, où la pression par les coûts a un impact central sur l’organisation du travail. Nouvelle forme de division du travail, la polyvalence se comprend à partir de ses effets sur les salariés, entre subordination accrue et recherche d’autonomie, selon leurs caractéristiques sociales et professionnelles.
Le troisième article analyse les conditions de travail des intérimaires, particulièrement vulnérables aux accidents de travail et aux maladies professionnelles. Très souvent détachés dans l’urgence, ils doivent affronter des contextes de travail différents et être opérationnels rapidement : il leur est donc particulièrement difficile de se constituer des marges de liberté dans leur travail afin de se prémunir contre les risques d’accidents du travail.
L’article suivant revient sur une expérimentation de développement syndical issue d’un partenariat entre un syndicat implanté dans le secteur du nettoyage et une association issue du community organizing afin de susciter de nouvelles adhésions. Il révèle les tensions suscitées par les diverses traditions militantes et souligne l’existence d’une concurrence sur le terrain des luttes syndicales des précaires en France.
Enfin, le dernier article porte sur « la construction d’un agenda économique et social paritaire autonome », prévu par l’accord national interprofessionnel du 14 avril 2022. Celui-ci pose le principe d’un recours permanent à cette procédure, afin que les signataires prennent leurs distances à l’égard d’un agenda imposé par le gouvernement. L’article analyse les expériences antérieures d’agenda autonome et dégage les conditions et limites d’une capacité de régulation autonome.
Sommaire du numéro
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Produire l’auto-engagement au travail : Modalités du travail d’organisation dans une start-up en croissance
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La polyvalence dans le commerce et les services : Recomposition de la division du travail et subordination accrue
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Les intérimaires, des travailleurs surexposés aux accidents du travail
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Le renouvellement syndical en quête d’alternative : les ambivalences du recours à l’union organizing dans le secteur du nettoyage en France
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L’agenda social paritaire : un projet de régulation interprofessionnelle autonome
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