Dans un contexte marqué par l’augmentation des flux migratoires, cette étude porte sur la scolarisation des élèves désignés comme allophones et nouvellement arrivés (EANA) dans trois académies françaises très contrastées : une en Île-de-France, Bordeaux et la Guyane. L’étude a réuni une équipe de 12 chercheurs, principalement en sociologie et en sciences de l’éducation, et a donné lieu à un rapport de recherche de 230 pages contenant 17 préconisations concrètes. Les principales questions posées sont : comment plus de 60 000 EANA aux profils très hétérogènes (niveau de scolarisation antérieure, niveau de langue…) sont-ils accueillis dans les établissements scolaires, et dans des territoires eux mêmes très hétérogènes (métropole/Guyane ; territoires paupérisés/favorisés ; milieu urbain/rural) ? Pour les équipes éducatives, comment se centrer sur les apprentissages en isolant les facteurs perturbateurs (précarité économique, administrative) ; n’est-ce pas illusoire et comment y faire face ? Comment accompagner, soutenir et former les professionnels à ces fonctions ?
Le rapport restitue dans sa première partie les grandes lignes des expériences enfantines et juvéniles ainsi que celles des acteurs éducatifs les prenant en charge dans le cadre scolaire. Elle est organisée en fonction d’une entrée par territoires, apparue fondamentale de par l’ancrage profondément situé des dynamiques scolaires et migratoires. La seconde partie du rapport met en lumière le rôle des acteurs socio-éducatifs, professionnels ou bénévoles intervenant auprès des enfants et jeunes migrants en dehors du champ scolaire. Un portrait des interventions différenciées est dressé selon les territoires, notamment en fonction des ressources disponibles, afin de saisir les dimensions plurisectorielles et interprofessionnelles de l’accompagnement éducatif, tout en travaillant sur la façon dont s’opère l’articulation et la coopération entre les acteurs éducatifs scolaires et non scolaires. Dans ce cadre, nous nous sommes particulièrement intéressés à l’étude des collaborations entre différents acteurs et institutions éducatives, à savoir les possibilités de construction d’une coopération entre l’École et le secteur socio-éducatif autour de la question de la scolarisation des EANA.
Nous avons également interrogé les rôles et les fonctions de chacun de ces protagonistes éducatifs : les différents acteurs scolaires, socio-éducatifs et les familles. Enfin, le rapport conclut sur une série de préconisations liées aux moyens et aux modalités relatifs à la fois à l’accompagnement professionnel et à la formation des équipes éducatives dans le contexte d’une École inclusive ; à l’enseignement des langues et des sciences, en tenant compte des connaissances déjà acquises par les élèves ; à l’organisation des plannings et des examens.