« Mortel » ou « mourant » le syndicalisme français ?
En tant qu’institution née et s’étant développée en lien avec le monde du travail, le syndicalisme n’échappe pas aux nombreuses questions et remises en cause qui marquent les transformations de la société au tournant de ce XXIe siècle.
Le travail lui-même change. La désindustrialisation de la France, les progrès techniques, la digitalisation, le recours aux services et au travail indépendant ont accompagné l’affaiblissement de la classe et de la culture ouvrières desquelles les syndicats tiraient leur origine.
Dans un premier temps, ceux-ci ont voulu voir dans des causes externes les explications de leur fragilisation : des salarié.e.s plus individualistes, des décideurs ne croyant pas dans le dialogue et la démocratie sociale, l’imposition d’une mondialisation libérale et capitaliste.
Progressivement, les prises de conscience mettent en évidence une analyse qui prend certes en compte les évolutions du monde du travail, mais interroge également les positions et les fonctionnements des organisations syndicales.
Il s’agit en effet d’être présent et concret dans l’accompagnement des revendications des salarié.e.s au bien-être, tant professionnel que social, culturel, environnemental. Le syndicalisme est invité à répondre à leur besoin d’être reconnu.e.s dans la singularité individuelle comme dans leur appartenance à des collectifs qui structurent leur identité. Il doit aussi évoluer pour prendre en compte les nouveaux modes d’engagement, être davantage le miroir de la profession qu'ils représentent et donc permettre la participation militante des femmes, des jeunes, des travailleuses et travailleurs précaires. Penser la proximité revient à la fois à l’envisager du point de vue territorial et à la concrétiser sur le plan des idées, du langage, des actions, de la constitution d’équipes syndicales à l’image de la diversité de la société.
Le rapport d’étude, s’appuyant sur une revue de littérature, fait un point de situation d’une institution utile à la démocratie, nécessaire à l’émancipation et vivant. Il se conclut par la suggestion des 10 pistes suivantes à explorer pour (re)dynamiser le syndicalisme du XXIe siècle :
1. Construire une image renouvelée du syndicalisme et la faire (mieux) connaître
2. Prendre en compte les priorités des « travailleuses et travailleurs »
3. Privilégier (toutes) les proximités
4. Proposer une offre nouvelle
5. S’appuyer sur les expertises multiples
6. Agir pour les évolutions sociétales
7. Construire des coopérations
8. Inventer des formes de démocratie participative
9. Accompagner l’engagement et le militantisme
10. Développer une action internationale et européenne