Comment différentes catégories de fonctionnaires vivent-elles sur leur lieu de travail ? Quelle est leur qualité de vie au travail ? L'objectif de cette étude consistait à réaliser un état des lieux, un diagnostic, en termes de mal-être (Risques Psycho-Sociaux) versus bien-être au travail auprès d’échantillons des trois versants de la fonction publique de la région Champagne-Ardenne : fonction publique de l’État (Université de Reims Champagne-Ardenne, URCA), fonction publique hospitalière (Centre Hospitalo-Universitaire de Reims, CHU) et fonction publique territoriale (agents territoriaux du Département de la Marne, 51).
Plus de 2 000 participants ont été interrogés soit en entretien soit par questionnaires. Les principales causes de bien-être et de mal-être mises en avant par les agents d’un versant de la fonction publique à l’autre sont très comparables. Les relations au travail constituent le principal facteur ayant une influence sur le bien-être/mal-être au travail des agents, quelle que soit la méthodologie de production de discours (entretiens, représentations sociales et questions ouvertes), au sein des trois versants. Lorsque les relations sont bonnes et saines, elles constituent un facteur de bien-être au travail important, servent de facteur de protection, alors que lorsqu’elles sont mauvaises, c’est le plus souvent la principale cause de mal-être au travail. Toutefois, au niveau des analyses statistiques, les indices de dispersions (écart-type) suggèrent une grande variabilité en termes de relations avec la hiérarchie au sein du Département (qui selon les services sont bonnes ou mauvaises) et en ce qui concerne les relations avec la hiérarchie et avec les collègues au sein de l’URCA (qui sont parfois extrêmement mauvaises et engendrent de la souffrance au travail).
Les exigences du travail et la perception de ne pas avoir les moyens de faire un travail de qualité ont également été fréquemment évoqués, quelle que soit la technique de production du discours utilisée. Une charge de travail trop lourde et une absence de moyens tant humains que matériel constitue une source de souffrance importante pour les agents. Les exigences du travail et les exigences émotionnelles sont les deux dimensions qui sont les plus grandes sources de souffrance au travail pour les agents des trois versants de la fonction publique.
La dimension compétence au sein du CHU et les dimensions compétence, autonomie et sens du travail au sein de l’URCA et du Département sont les dimensions qui procurent le plus de satisfaction pour les agents. L’importance d’avoir un travail qui a du sens a également été souligné en entretien en particulier par les agents du Département. Le sens du travail, le sentiment de faire un travail utile, un travail dont les agents connaissent et peuvent voir la finalité fait écho à la satisfaction au travail évoquée par les agents du CHU en entretien. Ils décrivent la satisfaction au travail comme une source de bien-être importante dans leur vie.
Il y a très peu d’effet des variables socio-démographiques sur le bien-être au travail des agents et lorsqu’il y a un effet sur le bien-être au travail, ce ne sont pas les mêmes variables d’une population à l’autre qui sont prédictrices de bien-être/mal-être au travail. Aucune des études n’a fait ressortir que le sexe a une influence sur le bien-être au travail. L’âge est la seule variable à avoir un effet sur le bien-être au travail au sein de deux des versants de la fonction publique. On pourrait donc penser que l’âge est la variable socio-démographique qui a la plus grande influence sur le bien-être au travail ; toutefois, les résultats indiquent qu’au sein du CHU, les jeunes ont un niveau de bien-être inférieur aux personnes plus âgées, alors que leur niveau de bien-être est supérieur pour les plus jeunes au sein du Département. Ces résultats contradictoires d’une structure à l’autre, corroborent l’idée que les variables socio-démographiques ont une influence minime sur le niveau de bien-être au travail qui dépend surtout des conditions de travail d’une structure à l’autre ; le niveau de bien-être/mal-être au travail serait majoritairement lié à des variables situationnelles, en relation avec le contexte de travail.