Former des êtres humains, travailleurs et citoyens, telle est la mission de l’Éducation. Cela passe par la transmission et l’apprentissage de connaissances, mais aussi de savoir-faire et de savoir-être.
C’est évidemment le cas de l’École, mais c’est également le cas dans les structures de formation professionnelle initiale que sont les lycées professionnels et les CFA, pour lesquels la construction d’un savoir professionnel est premier.
C ‘est donc dans une triple dimension que les structures éducatives ont vocation à enseigner et à transmettre des valeurs. Celles-ci sont certes imbriquées et interdépendantes, mais pour la lisibilité de l’étude, nous avons fait le choix ici de les séparer et d’analyser leur transmission dans une approche spécifique.
Quelles valeurs professionnelles transmettre ? Comment faire pour ne pas se limiter au seul apprentissage et à la prédominance des gestes techniques ? Le chef d’oeuvre qui sanctionne la fin de la formation, n’inscrit-il pas celle-ci dans une référence au compagnonnage riche en valeurs à la fois d’un métiers bien fait, mais aussi de solidarité, de travail en équipe, de relais entre maîtres et apprentis ?
Au-delà, ne s’agit-il pas de donner confiance à des élèves qui ont souvent connu l’échec au cours de leur scolarité ? Comment les ouvrir au monde, aux autres, à la diversité ? Ne s’agit-il pas aussi de leur permettre de réfléchir par eux-mêmes, d’apprendre à faire preuve d’esprit critique et de découvrir qu’elles et ils en sont capables ?
Comment ces prises de conscience s’inscrivent alors dans la possibilité d’un engagement au service de collectifs ? Par quels projets les amener à participer à la vie citoyenne et à trouver leur place dans la société, sans être jugé.es pour la faiblesse de leur formation intellectuelle, discriminé.es parce que "manuel.les", renvoyé.es à leur seule identité de métier ?
Les entretiens avec des personnels des lycées professionnels de l’Éducation nationale et de l’agriculture ainsi que des CFA et les références à la littérature sur le sujet, montrent les difficultés et les limites de cette transmission de valeurs. Ils mettent également en évidence les réussites et la volonté des professionnels de faire bouger les lignes, afin que la formation professionnelle initiale contribue à la construction d’êtres humains, travailleurs et citoyens.