Cet article présente une série de réflexions sur la négociation relative aux 35 heures dans la Fonction publique qui, lancée à l'automne 1997 s'est soldée par un échec au début de l'année 2000. Dans une première partie, sont retracées les grandes étapes de cette négociation. Elle se conclut par la mise en évidence de pressions internes et externes au débat qui ont conduit le ministre de la Fonction publique de l'époque à retirer son projet. Ensuite, sont analysées les stratégies adoptées par le gouvernement et les organisations syndicales dans cette négociation, de façon à comprendre quelle part elles ont respectivement prise dans son échec. Sont notamment soulignés le poids des logiques de métiers et de la défense des identités professionnelles dans les stratégies syndicales ainsi que celui des contradictions de la politique économique et sociale du gouvernement. De même, pointe le rôle de l'introduction de la contractualisation dans l'univers réglementaire de la Fonction publique et les craintes que nourrissent ses possibles dérives. Compte tenu des enjeux sous-jacents à cette négociation et, en particulier, celui de son articulation avec la réforme de l'Etat, l'article se termine sur l'idée du caractère provisoire de l'échec collectif que ses différents acteurs n'ont su éviter.