L'exploitation statistique d'un échantillon de requêtes effectuées sur le moteur de recherche d'annonces du site www.keljob.com nous donne l'opportunité de tester empiriquement l'hypothèse de réduction des coûts de recherche d'information, généralement associée à Internet. Sur Internet, l'incertitude ne porte pas sur la disponibilité de l'information, mais sur la capacité à traiter toute l'information disponible. La réduction de cette incertitude ne requiert pas, de la part du chercheur d'emploi, un investissement temporel coûteux, mais des compétences cognitives. Du point de vue cognitif, il apparaît que la performance des requêtes est le produit de l'action conjuguée du candidat et des artefacts cognitifs mis à sa disposition par l'intermédiaire : la cognition est distribuée. Ce résultat est ensuite traduit dans le langage du socio-économiste : l'internet permet d'améliorer le niveau d'information à condition que cette information soit structurée. Des outils sont nécessaires pour structurer l'information et la rendre exploitable. Or, ces outils ne sont pas « neutres » car ils incorporent des modes de qualification du travail, tels que les classifications d'emploi construites par les institutions du marché du travail. A contrario, le développement d'outils de coordination « flexibles », tels que les moteurs de recherche par mots-clés, pourrait participer d'un mouvement plus général de « dé-institutionnalisation » du marché du travail.