Sur le plan théorique il existe un certain nombre d'arguments solides en faveur de l'intervention publique visant à soutenir le développement industriel. Le débat central sur la politique industrielle voit s'affronter les économistes qui mettent en avant les défaillances du marché à ceux qui soulignent au contraire les déficiences de l'intervention publique. Seules des externalités positives, par exemple dans le domaine de la recherche et du développement, ou des externalités négatives, par exemple dans le domaine de l'environnement, seraient à même de justifier l'intervention des pouvoirs publics. Encore faut-il montrer que ceux-ci sont mieux informés et plus à même d'agir que les agents privés. Or la littérature économique est malheureusement très peu concluante sur ce point. En tenant compte de leurs modalités d'action, on peut repérer au moins deux modèles dans les politiques publiques de soutien à l'industrie. Le premier modèle se caractérise par un niveau d'aide relativement faible. Le soutien des pouvoirs publics consiste principalement dans le conseil aux entreprises, l'encouragement de coopérations entre les parties prenantes privées et publiques, la dissémination des meilleures pratiques. La gestion des programmes d'aide est dans ce cas très largement décentralisée au niveau régional ou même au niveau local, en recourant volontiers à des agences totalement ou partiellement financées par des ressources publiques. Le second modèle est plus interventionniste. Il se caractérise par un montant d'aide élevé, l'État pouvant dans certains cas jouer le rôle d'actionnaire majoritaire ou minoritaire dans un nombre significatif d'entreprises considérées, pour une raison ou une autre, comme stratégiques. Dans ce modèle le gouvernement prend une responsabilité claire dans la décision des priorités stratégiques et la compétitivité reste un sujet très sensible dans le débat public. La question reste posée de savoir dans quelle mesure ces deux modèles d'intervention peuvent ou non progressivement converger.