Envisagé et conduit sans relation avec la situation sanitaire actuelle, ce sujet trouve dans les conséquences de la pandémie de Covid-19 une résonance particulièrement accrue.
En effet, quelles sont les similitudes entre l’Hôpital et l’École ? Ces deux institutions publiques, mais issues du monde religieux (ce qui est à l’origine pour les deux domaines d’un secteur privé de cliniques et d’écoles), sont constitutives d’une vision de la République. Il s’agit de soigner pour émanciper de la maladie et des relégations qui en découlent ; il s’agit d’instruire pour émanciper de l’ignorance et des aliénations auxquelles elle conduit.
Matérialisées dans des établissements, avec une administration et des personnels dédiés, les missions de soin et d’enseignement sont aujourd’hui en pleine évolution. Les institutions qui les portent traversent une crise à la fois de croissance (comment, après une phase de progrès et de démocratisation massive, soigner et instruire tout le monde avec succès ?) et d’existence (comment évoluer pour répondre aux nouvelles attentes?). Le diagnostic laisse apparaître que l’Hôpital, dans son fonctionnement actuel, est incapable d’accueillir chacune et chacun et lui permettre de participer à la construction de sa santé-bien-être ; que l’École, telle qu’elle est structurée aujourd’hui, n’est pas en mesure de faire réussir chacun et chacune en lui permettant d’accéder à son émancipation par le développement de ses compétences.
Ces interrogations et ces constats ont des incidences sur les professionnels et questionnent le sens de leurs métiers -au premier rang desquels, ceux de médecin et d’enseignant.e- qui subissent des injonctions paradoxales. Ainsi, d’un côté, il leur est demandé de continuer à exercer leur métier en améliorant les résultats ; de l’autre, ils sont enjoints de modifier profondément leurs pratiques, sans souvent être associés à l’analyse et l’évolution de celles-ci.
Quelles pistes alors pour transformer ces institutions et redonner du sens à leurs professionnels ?
La seconde partie de cette étude explore quatre dimensions qui impliquent des changements de pratiques : la communication, la réflexivité, la coopération et l’adossement à la recherche. Toutes les quatre doivent être progressives et accompagnées. Elles nécessitent particulièrement des actions de formation, tant initiale que continue. Il s’agit en effet de former (les professionnels) pour transformer (les institutions).
Des réformes en profondeur sont nécessaires. Au-delà d’une prise de conscience des difficultés réelles rencontrées par l’Hôpital et l’École et par leurs personnels, le changement ne viendra vraisemblablement pas "d’en haut". Il semble plus évident que les changements découleront des nouvelles pratiques et des évolutions réalisées par les personnels, par les équipes. C’est par la quête du sens de leur métier en pleine interrogation que les personnels de Santé et d’Éducation, de l’Hôpital et de l’École donneront des réponses aux évolutions nécessaires de leurs institutions, redonneront sens à leurs missions et permettront la refondation indispensable de ses deux institutions, piliers de la République.