Ce numéro spécial de la Chronique internationale de l’IRES est consacré aux diverses modalités de recours à des travailleurs migrants temporaires, plus précisément aux régimes institutionnels organisant des migrations pendulaires de personnes étrangères autorisées à venir occuper un emploi pour une durée déterminée, et prévoyant leur retour dans leur pays de résidence.
Il s’appuie sur l’examen de onze situations nationales : sept membres de l’Union européenne, (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Irlande et Italie), plus le Royaume-Uni ainsi que trois pays respectivement situés en Amérique du Nord (États-Unis, Canada, en particulier Québec) et du Sud (Argentine). Le recours aux travailleurs migrants temporaires est en forte croissance partout, mais se répartit de façon très variable selon les pays, autour de trois principaux statuts migratoires : travailleurs saisonniers, autres travailleurs temporaires et travailleurs détachés par une entreprise installée dans un autre pays.
Souvent présentés au niveau politique comme des modèles de migration de travail à privilégier, les régimes légaux organisant les migrations temporaires méritent une attention particulière compte tenu de leurs conséquences sur les conditions de travail et les normes sociales pour tous les travailleurs des pays concernés. Les politiques qui les encadrent fragilisent les conditions de vie et de travail des travailleurs migrants temporaires : elles permettent leur exploitation en consacrant les inégalités existantes avec les travailleurs nationaux et aussi entre travailleurs migrants, en limitant l’accès aux droits et à la protection sociale, et en générant des conditions de travail largement dégradées. Pour autant, les organisations syndicales peinent à défendre ces travailleurs et à engager des actions collectives en leur faveur, parfois assurées par des ONG ou les travailleurs eux-mêmes.
Sommaire du numéro
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Des régimes organisés de migration temporaire de travail contre les normes sociales
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Migrations internationales, action publique et zones grises du travail
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États-Unis - Un recours croissant à l’immigration temporaire de travail, des conditions de travail dégradées, des syndicats peu mobilisés
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Canada-Québec - Recours aux travailleurs migrants temporaires : travail décent ou esclavage moderne ?
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Royaume-Uni - Des dispositifs ciblés et segmentés
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Argentine - Travailleurs migrants et dispositifs d’intégration régionale : vers une institutionnalisation de la précarité ?
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Allemagne - Des dispositifs réglementaires dérogatoires sur un marché du travail polarisé
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Autriche - À l’ouest de l’équateur, des travailleurs circulaires surexploités
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Belgique - Une main-d’œuvre temporaire bon marché devenue incontournable pour certains secteurs
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Danemark - Les migrants temporaires sur le marché du travail : entre restrictions et précarité
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Espagne - Une précarisation institutionnelle des migrants en réponse aux besoins du marché du travail
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Irlande - Une politique d’immigration en faveur des plus qualifiés, reflet de son modèle économique
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Italie - Exploitation des migrants saisonniers : politiques xénophobes et réseaux criminels
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English abstracts : Temporary labour migration